Quand un DRH passe du Côté Obscur… (sous influence?)

Arnaud Pottier Rossi | 20 juin 2013 | 1 commentaire
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On hésite souvent à répondre à certaines attaques, de peur d’apporter un crédit trop important à celles-ci. Alors on tergiverse, et en définitive on se refrène !
Mais là c’en est trop !

Il s’avère qu’en date du 19 juin, je devais interviewer Monsieur Vilcot (DRH du Groupe Casino) pour la sortie de son livre : « Le Recrutement Responsable ».
Les quelques articles sur le livre avaient attisé ma curiosité, et je voulais traiter l’information dans notre rubrique « Billy du mois » avec une interview vidéo.
Malheureusement, un contre-temps m’empêcha de la réaliser … et c’est le soir même que je tombais sur un article du blog de Monsieur Vilcot qui mettait en gardes les fonctions RH sur les 11 pièges du e-recrutement à éviter, s’appuyant très fortement sur le discours d’un certain Laurent Joseph.

Si je ne connais pas du tout Mr Vilcot, il s’avère que je connais très bien Mr Joseph.
En charge du développement commercial du site Sourcea.fr, puis des sites du groupe Stepstone, j’étais l’interlocuteur privilégié d’agences de communication RH parisiennes, mais aussi marseillaises, toulousaines et lyonnaises. C’est dans ce contexte que j’ai fait la rencontre de Mr Joseph, alors Directeur de Clientèle puis Directeur commercial à l’agence AKTOR Interactive.

Et je dois dire que lire ses conseils est très vite effrayant quand on connaît les pratiques de l’intéressé.
En 15 années de carrière je n’ai jamais vu le côté commercial aussi développé chez un directeur de clientèle en agence de communication, où la seule notion de conseil apportée à ses clients résidait sur sa capacité de négociation des achats sur les jobboards !
Est-ce de la schizophrénie d’avoir essayé à un moment d’acheter des packs à certains jobboards en bénéficiant des remises sur le volume, puis en les revendant au détail aux clients au tarif le plus fort (Pratique interdite au sein de l’ Association des Agences Conseils en Communication pour l’Emploi – ACCE), et de prétendre aujourd’hui être le chevalier blanc, le défenseur de la veuve et l’orphelin, le combattant des mauvaises pratiques ?

Monsieur Vilcot, je ne vous comprends pas…

Votre entreprise n’a-t-elle pas reçu 3 récompenses au Grand prix de la Créativité 2012 organisé par l’ACCE (Or dans la catégorie phare Dispositif Global Marque Employeur, l’Argent dans la catégorie Campagne Événementielle pour leur grande « Journée des Apprentis » ainsi qu’un deuxième Prix Argent dans la catégorie Communication Interne pour le challenge « Mon Magasin fait son show ») ?
Est-ce que le seul mérite de ces trophées vous revient où est-ce en grande partie grâce aux conseils, aux idées, à l’expertise et à la production de l’agence qui vous accompagnait ?
Si effectivement l’agence n’a pas du tout contribué à ces récompenses, pourquoi ne pas avoir respecté vos conseils avant de vous présenter à ces trophées qui récompensent avant tout la créativité des agences ? Pourquoi avoir rémunéré ces bonimenteurs d’agences ? … juste pour recevoir un prix ?

Vous abordez le mot « responsable », je serai tenté de vous répondre « cohérence ? »

Comment pouvez-vous, discréditer nos métiers en vous inspirant, et en donnant une vitrine à son pire représentant ? Parallèle d’actualités, votre démarche consiste à donner une tribune à Mr Cahuzac sur la méthodologie de transparence fiscale, ironique ne trouvez-vous pas ?

Permettez-moi aussi d’argumenter quelques points de votre billet qui me semblent indéfendables. Je ne vais pas tout détailler, je n’aurai pas assez de place sur un billet, pour démonter point par point vos arguments et ceux de Mr Joseph.

Mais regardons déjà « sous-traiter aveuglément, sans contrôle, votre plan de sourcing et vos actions de e-recrutement» & « Ferez-vous également confiance à un intermédiaire externe pour vous dire en toute transparence quel site ou support vous apporte le meilleur R.O.I (Retour sur Investissement) ? »
A qui parlez-vous ?
De la TPE aux entreprises du CAC40, je n’ai pas rencontré une seule entreprise qui confie aveuglement cette partie sans la sanction de voir s’ils recrutent et à combien est estimé le coût de ce recrutement ? Le développement des outils de gestion de candidatures, ou des outils plus importants de la SIRH permettent en grande partie de calculer l’efficacité des retours.
Votre réflexion, il me semble est ancrée dans une photographie du marché un peu obsolète d’au moins une dizaine d’années…

Autre thème de votre argumentation, fondé sur les propos de Mr Joseph, qui encore une fois sont soit de mauvaise foi, soit complètement incohérents.
« Vous prenez aussi le risque d’une concentration de vos achats sur des supports ‘passe-partout’, en manquant les supports et sites où se trouvent VOS candidats. »& « Pourquoi ne voulez-vous pas essayer de nouveaux sites qui n’ont pas encore fait leur preuves »…
Cela fait près de 15 ans que je travaille en communication RH, en agence chez Euro RSCG (The Link puis HR Gardens), au tout début de l’émergence des jobboards en tant que Webplanner, puis en tant que directeur de clientèle chez Métro Publications France à son arrivée, et ensuite chez sourcea.fr, site spécialisé puis Stepstone. Durant tout ce parcours, au contact des agences et des clients en direct, j’ai pu observer un tout autre visage que celui que vous présentez. Les agences sont généralement portées à multiplier les points de contacts avec les candidats, à essayer de les impacter différemment. A titre d’exemple les premières présences de la BNP et de la Société Générale sur sourcea.fr en 2005 étaient exclusivement dues à la préconisation de leurs agences de communication RH. Je trouve donc un peu culoté, voir mensonger de faire reporter la faute sur le manque d’ouverture et de diversification des canaux aux agences. Ce mécanisme de fermeture est généralement le fait des fonctions RH qui n’osent que très rarement franchir le pas. Et les raisons en sont assez simples, c’est en grande partie la peur qu’une modification des canaux de recrutement puisse engendrer une diminution des recrutements avec toutes conséquences sur l’entreprise et sur le décideur du plan de sourcing, et d’autre part, bien souvent un arbitrage budgétaire.

Je serai curieux de voir comment les fonctions RH accueillent le ton condescendant de vos conseils, qui les décrivent comme des personnes aveugles, incompétentes, candides, intellectuellement restreintes…

Enfin il est amusant, comme le précise Loic Lecharny dans une réponse à votre billet, réponse que vous avez supprimée (N’êtes-vous pas un ambassadeur du 2.0 voir du 3.0 ?) de voir que vous frisez la diffamation, est-ce « Responsable » ?

Votre discours est tellement en opposition avec ce que nous avons construit de 1977 au sein de l’ACCE, association regroupant une quinzaine d’agences autour d’

  • Une MISSION : promouvoir les politiques emplois internes et externes des secteurs privé et public en optimisant leur lisibilité et leur attractivité
  • Une VOCATION : dimensionner l’exclusivité RH de chaque entreprise pour valoriser cette dernière en espace professionnel unique et reconnu comme tel
  • Une AMBITION : fluidifier le marché de l’emploi par la valorisation des offres et des cultures d’entreprise
  • Une UTILITÉ : être le label qualité en termes de conseil et de créativité pour les employeurs

Et où chaque agence s’engage à respecter une charte de déontologie, que je vous invite à lire.

A votre disposition en tout cas si vous souhaitez en discuter, je vous promets je n’effacerai pas votre réponse :-)

 

 

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