Et si nous mettions fin à l’illusion du classement Potentialpark?

Arnaud Pottier Rossi | 13 mars 2014 | 2 commentaires
Partager

Ces derniers jours vous avez du lire nombre de billets de blog, ou d’articles de presse RH relayant le classement de Potentialpark 2014.
Nous devions comprendre les finalités de ce podium qui, année après année, s’installe dans notre paysage des ressources humaines et de la marque employeur comme une référence.

Hélas, lorsque l’on prend le temps de regarder de plus près il y a quand même une grande différence entre les informations véhiculées en externe de types « Les meilleurs recruteurs sur le Web », « Le meilleur site carrière de France », « Les recruteurs préférés des jeunes diplômés sur Internet » et la réalité même de ce classement.

Tout d’abord pour bien l’appréhender il faut comprendre la méthodologie !
Sur la partie « Site carrières » (je n’ai pas assisté aux autres restitutions) le classement se construit en 2 temps :

Phase 1 : Le recueil des attentes.
Potentialpark interroge un pool de 3 900 étudiants français sur ce qu’ils attendent d’un site carrière en termes de fonctions et d’informations.
Il en ressort 69 critères pondérés par le nombre d’étudiants à les avoir cités, répartis dans 5 catégories : Simplification d’utilisation, Marque Employeur, Gestion de la relation avec les candidats, Processus de recrutement et Test/Orientation
On retrouve notamment en Marque Employeur des critères tels que « Informations sur les opportunités internationales » , « Présentation visuelle du lieu de travail», « Implantations »…

Phase 2 : L’audit.
Potentialpark passe en revue les sites carrières de 100 entreprises en regardant si les sites comportent les critères attendus par les étudiants, remportant ainsi des points.

C’est un super outil pour savoir si son site répond aux attentes des étudiants et de prendre conscience, peut être, de certains items à prendre en compte pour progresser, mais cela s’arrête là !
Il me semble un peu présomptueux d’en conclure que c’est le classement des meilleurs recruteurs sur le web ! Ni les meilleures marques employeurs digitales !

Au-delà de la critique sur le choix et l’importance des critères eux-mêmes, essayons de prendre un parallèle pour mieux comprendre :
Si je prends une check list de critères identiques entre 2 voitures, la A et la B :

Capture d’écran 2014-03-13 à 11.51.32

La voiture A est devant la voiture B en nombre de points.

Maintenant si je vous dis que la voiture A est une Renault Laguna, et que la B est une Audi A4, à votre avis quelle voiture préféreriez-vous avoir ou conduire ?
C’est la même chose de ce classement, il ne prend pas en compte la réalisation, ni l’efficacité des fonctionnalités mais juste la quantité de fonctionnalités.

Autre exemple tiré directement du classement :
Une entreprise prend des points si elle met le numéro de téléphone des chargés de recrutement, soit, par contre Potentialpark ne teste pas la disponibilité de ces dits chargés de recrutement.
Si au final on tombe tout le temps sur le standard ou un répondeur, quel est l’intérêt de communiquer un numéro de téléphone ? Et quelle sera l’appréciation de ce site par ces usagers à votre avis ? Quelle sera l’expérience candidat ?

Que dire aussi des entreprises qui mettent une adresse mail de contact, et qui lors du test par Potentialpark sur les délais de réponse, ne répondent même pas durant la période d’étude* (une dizaine de jours) ? Disqualifiant ? Non, elles sont bien classées…
On voit bien là les limites de ce classement.

Lorsque j’ai évoqué ce point avec eux, leur réponse a été de dire que les phases de test des sites par les étudiants faisaient partie du deuxième volet de l’étude… Pourquoi alors ne pas communiquer sur un Global review présentant le croisement des résultats de ce premier audit des fonctionnalités versus le ressenti des candidats ?
Pourquoi mentir par omission ?

On voit bien que chacune des entreprises présentes dans ce classement, et d’ailleurs leurs agences de communication par la même occasion, ne cherchent pas à comprendre le bien fondé de ce classement ou tout du moins feignent de l’ignorer, profitant ainsi de la visibilité qui leur ait donné.
Alors même qu’elles devraient s’insurger, demander des explications claires et recadrer les effets d’annonces.
Peut-être ce billet sera-t-il un élément déclencheur ?

Car au final, qui sont les grands perdants de ce classement ? En premier lieu les candidats qui voient les sites carrières récompensés pour des FAQ mais pas sanctionnés pour des non réponses à leurs mails !
Et bien évidement toutes les équipes RH, développement RH et responsables Digitaux RH qui mettent en place des solutions innovantes et qui perdant des places dans ce pseudo classement se retrouvent à devoir justifier l’inexplicable !

*Nous ne pouvons révéler le nom des entreprises, ces informations étant la propriété de Potentialpark.

2 commentaires

  1. François GEUZE
    15 mars 2014 à 00h24

    Je partage votre point de vue à 100%
    Les classements ne sont que le reflet d'une société qui ne sait plus avoir une intelligence globale des situations. Les classements ne sont en fait que l'expression d'une recherche du prêt à penser instantané. Je me permets simplement de vous signaler le billet de Jean Louis MUTTE sur le site e-RH sur les classements en général et celui des écoles en particulier (j'ai particulièrement apprécié le classement des meilleures cantines des MBA US ...)

    http://www.e-rh.org/index.php/blogs/les-articles-du-blog/150-classez-classez-il-en-restera-toujours-quelque-chose

Répondre
Votre email ne sera pas publié
Partager cet article
Et si nous mettions fin à l’illusion du classement Potentialpark?