Les temps sont durs pour les RH… Ces fonctions ont été tout particulièrement impactées par les crises à répétition des derniers mois, et leurs conséquences nombreuses et lourdes sur les collaborateurs et les organisations. Nous avons souhaité y voir plus clair sur le sujet en le partageant avec des responsables des Ressources Humaines. Julie Chaussade, Directrice des Ressources Humaines chez Kisio & Hove, nous partage sa vision.
Quelles sont les conséquences des événements de ces derniers mois sur les entreprises, les collaborateurs et vos fonctions ?
Cela a changé beaucoup de choses. Le COVID, la crise écologique, la crise énergétique ont eu et continueront d’avoir des impacts sur les personnes au quotidien. Nous devons faire face à de nouvelles problématiques : la grande démission, la difficulté à recruter sur certains métiers et à intégrer et fidéliser nos collaborateurs… Le contexte anxiogène dans lequel nous évoluons, force les organisations et plus particulièrement l’entreprise à proposer aux collaborateurs un environnement agréable et sécurisant, propice au développement et permettant l’épanouissement de chacun. Les collaborateurs sont plus que jamais en quête de sens pour pouvoir continuer à contribuer au développement de nos activités.
Vous parlez de l’entreprise, et du travail, comme un lieu qui se doit d’être sécurisant, épanouissant. Cela va un peu à l’encontre de la perception historique du travail, non ?
Cela fait partie des enjeux RH importants. Il faut faire évoluer cette vision du travail et faire en sorte de devenir une entreprise apprenante, favorisant l’autonomie et la responsabilisation de chacun. Tous les collaborateurs ont réellement changé de paradigme, de façon de voir les choses. Qu’on fasse de la relation client par téléphone ou que l’on soit consultant RSE, les besoins ont évolué. Et l’entreprise doit intégrer ces changements. Les discours ne suffisent plus. Il faut des actions concrètes, et des éléments de preuve. Les réseaux sociaux en permettent une diffusion extrêmement rapide, cela peut être très vertueux mais cela nous oblige également à rester vigilants et nous demande de faire preuve d’une grande réactivité.
Est-ce possible de la même manière pour tous les métiers ?
La mise en œuvre est différente en fonction de la nature du métier. Certaines fonctions le permettent davantage à l’inverse des métiers moins flexibles et contraints. Tous les métiers ne mobilisent pas le même engagement de la part des collaborateurs, on peut tout à fait comprendre que ce soit plus simple dans les « métiers passion » par exemple. Il est donc du rôle de l’entreprise et du corps managérial de développer l’engagement de toutes et tous. Il faut donc s’interroger sur la valeur ajoutée de chaque métier et se poser la question du sens pour chaque profil et pour l’ensemble des métiers. Il y a aussi les différences générationnelles, qui viennent complexifier encore la problématique.
En tant que RH, il nous faut résoudre une équation à plusieurs inconnues sans pour autant segmenter ou siloter les choses, en priorisant les sujets qui apportent le plus grand bénéfice au collectif.
Quels sont les leviers qui ont été, ou sont en cours de déploiement chez Kisio et Hove ?
Nous avons déployé le télétravail pour les collaborateurs de Kisio et de Hove. Les filiales s’engagent également sur des projets d’envergure d’engagement sociaux et sociétaux. Dans mes expériences antérieures, chez Ubisoft, j’ai eu la chance de travailler sur le sujet de l’entreprise inclusive, qui intègre la diversité et en fait une véritable richesse. Cela nécessite de travailler fortement la culture d’entreprise, et de challenger nos organisations. C’est en effet un moteur pour développer l’attractivité de l’entreprise, de nos activités et des métiers qui en ont besoin.
Pouvez-vous évoquer quelques projets concrets ?
Il y a par exemple le projet du Mécénat de compétences sur lequel nous sommes en train de réfléchir. Nous devons toutefois garantir la faisabilité opérationnelle et rassurer pour permettre aux équipes d’adhérer au projet. Nous avançons également sur la solidarité, en menant des actions avec le Secours Populaire. Pleins de beaux projets seront à concrétiser pour 2023 et l’avantage de Kisio et Hove c’est que l’approche « test and learn » est possible. Il s’agit de rester agile, et de s’assurer que ça fonctionne tout en ajustant si nécessaire.
Quels impacts ont tous ces changements sur les fonctions RH ?
Nos métiers sont devenus stratégiques pour les entreprises. Notre valeur ajoutée sur les sujets d’attractivité, de fidélisation, de transformation et d’optimisation des organisations n’est plus discutable. Le positionnement de la RH, en tant que partenaire du business est central dans ces projets. Nous partageons avec les membres du Codir une vision commune, c’est essentiel pour défendre et faire avancer nos sujets. Nos visions se complètent et nous permettent d’avancer dans la même direction.
Face aux nouveaux défis, les RH doivent continuer de développer leur expertise et gagner en agilité pour permettre la polyvalence sur différents métiers RH. Surtout dans des entreprises de taille moyenne, comme Kisio et Hove.
Qu’est-ce qui pourrait vous manquer aujourd’hui dans vos activités ?
Le marché de l’emploi est très dynamique, l’entreprise aurait intérêt à intégrer des compétences en recrutement et en chasse de profil pour anticiper au maximum le sous-effectif.
Il nous faut travailler davantage notre visibilité. Nous sommes en train de créer nos espaces recruteur sur Linkedin et sur Welcome to the Jungle. Ce sont des outils efficaces qui nous offrent une belle visibilité. Nous devons travailler notre image car les candidats se comportent comme des consommateurs avec le marché du travail.
Que trouvez-vous difficile dans vos fonctions aujourd’hui ?
Le fait que notre société demande du sens et de l’égalitarisme, tout en étant profondément individualiste – c’est une société et des individus qui défendent leurs droits avant tout. Nous évoluons dans un environnement très exigeant de toute part.
Le contexte actuel d’inflation a tendance à exacerber les interactions et les négociations.
Et qu’est-ce qui vous rend heureuse dans votre métier ?
On ne fait pas le métier RH pour la gloire. Pour moi, il s’agit de contribuer au mieux vivre de chacun. On est heureux quand on parvient à faire aboutir quelque chose qui va servir au plus grand nombre.
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